Productivité : comment arrêter de voir le temps comme “perdu”

Perdre du temps : gaspiller un temps qui pourrait être consacré à autre chose.

Beaucoup de personnes vivent une lutte intérieure constante entre le besoin de se détendre et la pression de rester constamment productives. La culpabilité et l'anxiété accompagnent souvent les moments de pause, perçus non pas comme un repos mérité, mais comme du temps perdu. Ce sentiment est répandu dans le milieu professionnel, comme l'illustre une enquête réalisée dans une entreprise où la majorité des clients se plaignaient de manquer de temps et de ne pas se sentir suffisamment productifs.

Nous vivons dans une société qui valorise l'occupation constante et où le moindre moment de répit est souvent considéré comme un échec. Cela crée une obsession malsaine pour le temps et sa gestion, renforçant l'idée erronée que chaque seconde doit être remplie de manière productive.

Le véritable problème ne réside pas dans un manque de temps ou dans le besoin de méthodes plus efficaces pour le gérer, mais plutôt dans notre perception du temps lui-même. Ce dont nous avons besoin, c’est d’une transformation de notre mentalité vis-à-vis du temps et de la productivité. Cela implique de reconsidérer la valeur des pauses et des périodes de repos, reconnaissant qu’elles sont essentielles au bien-être et à la performance durable.

Et si le temps perdu était du temps productif ?

Réfléchissons deux minutes : est-il facile de se concentrer, de se sentir motivé, passionné, énergisé, connecté, engagé… quand on est vidé ? Qu’on manque de sommeil ? Quand on saute des repas ? Quand on reste assis toute la journée ? Qu’on ne voit plus ses proches ?

Nous ne sommes pas faits pour travailler tout le temps, physiquement et mentalement. Nous avons besoin des temps “morts”, “perdus” (appelez-les comme vous voulez) pour : prendre des pauses, se nourrir, s’hydrater, bouger, se reposer, connecter avec les autres.

Ce temps pris pour soi est du temps productif, in fine. Un humain détendu, rechargé et qui prends soin de lui est un humain productif.

Et si le temps perdu, c’était en fait le temps passé à ne pas profiter des choses et des gens qu’on aime ?

Il y a quelques temps des amies sont venues me voir à Marseille. Nous avons beaucoup discuté de notre rapport à la vie, au travail, au temps qui passe. L’une d’elles nous a parlé du Mythe de Sisyphe, celui raconté par Albert Camus. Il exprime une vérité, toute bête, certes, mais essentielle :

La vie n’a aucun sens. La vie est absurde. Et le temps n’est pas une garantie.

Ce sont des vérités simples qui se noient facilement dans le bruit des messages extérieurs qui nous demandent de faire plus, de produire plus, d’être plus.

Ils n’ont pas plus de sens que la vie. Comme disait Camus, l’important c’est surtout de “vivre plus”.

Et si au lieu d’essayer d’optimiser notre temps à tout prix pour travailler plus, on essayait de le consacrer à des choses et à des gens que l’on aime ? A des activités qui nous énergisent et qui nous procurent de la joie ? La qualité de notre vie ne se mesurera pas au nombre de tâches qu’on aura rayé de notre to-do, ou au nombre d’heures travaillées.

Travailler est un moyen. C’est le moyen d’arriver à ses fins : financer sa vie quotidienne, des voyages, un style de vie, des investissements. Pour certains, le travail est une passion. Pour la plupart, le travail, c’est quelque chose quelque part entre les deux.

Apprendre à être intentionnel

Il est facile de se laisser submerger par le quotidien, les semaines qui s’accumulent, les jours qui se ressemblent, jusqu'à devenir un passager passif dans sa propre vie. Pour contrer ce phénomène, il est crucial d'apprendre à vivre de manière intentionnelle.

Vivre une vie plus intentionnelle exige une profonde connaissance de soi, comprendre pourquoi on agit de certaines manières et ce que l'on désire véritablement. Au quotidien, cela signifie faire de la place pour ce qui compte réellement. Chaque jour offre l'opportunité de faire un peu d'espace pour appuyer sur pause, se ressourcer, s'adonner à des activités joyeuses, et passer du temps avec les êtres chers.

Il est courant de penser, à tort, qu'il n'y a pas de temps ou d'espace pour les choses que l'on aime ou dont on a besoin. Pourtant, ce temps est souvent caché dans ces moments prolongés passés au travail par habitude, ou ces réunions auxquelles on assiste sans y apporter de contribution.

Il appartient à chacun de définir ce que le temps signifie pour soi, ce que signifie le perdre, et comment s'assurer d'en prendre soin. Reconnaître l'importance de ces choix est le premier pas vers une vie pleinement intentionnelle et enrichissante.

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