Devenir digital nomad : 5 leçons clés à connaître avant de sauter le pas
Être digital nomad, c’est une philosophie de vie, qui rassemble des profils très différents autour d’une vision commune. Que je résumerai ainsi :
Pourquoi se satisfaire d’une vie dans un bureau, subir l’agressivité des métropoles, se ruiner en loyer, quand on peut travailler depuis n’importe où ?
C’est un véritable mouvement d’émancipation. Un combat pour se réapproprier son temps et sa vie. Néanmoins, faire le choix d’être digital nomad, ce n’est pas juste prendre un avion pour aller travailler au soleil (même s’il y a beaucoup de ça). Il y a tellement de choses qu'Instagram ne nous dit pas, auxquels les blogs et vidéos Youtube ne nous préparent pas. Alors voici un petit condensé des choses que j'ai appris depuis que je suis partie.
1) Être digital nomad, c’est ne plus jamais avoir de “chez soi”
Récemment on m’a demandé : “c’est quoi / c’est où ton “chez toi” ?” Et ça m’a interpellé : Est-ce que le chez soi, c’est le lieu où on a passé le plus de temps dans sa vie ? Le lieu où se trouvent la majorité de nos affaires ? Le lieu où l’on sait qu’on peut retourner si tout tourne mal ? En fait la notion de chez soi est souvent intimement liée avec celle de propriété : je suis chez moi là où je possède des choses. Or quand on adopte un mode de vie nomade, on accepte de ne plus posséder : ni les lieux que l’on habite (qui changent), ni les gens avec qui on vit ou partage le quotidien, et même les affaires que l’on a (en général on ne voyage pas avec sa bibliothèque, ses posters et ses bougies odeur herbe coupée). Résultat : on se sent parfois comme déracinés. Une sensation d'inconfort peut s'installer plus ou moins durablement. Mais elle n'est pas irréversible. Apprendre à vivre avec moins, différemment, de façon plus minimaliste, ça reste une compétence très précieuse.
2) Être digital nomad, c’est vivre constamment dans l’incertitude
Quand on devient nomade, l’incertitude devient rapidement une gentille copine de voyage qui nous accompagne partout. Une gentille copine qui devient un peu relou au bout d’un certain temps. A chaque changement de destination : un nouveau lieu, un nouveau “chez soi”, de nouvelles personnes, de nouvelles routines à découvrir et à s’approprier. C’est quelque chose que je n’avais vraiment pas envisagé quand je me suis lancée. Et pourtant l’impact psychologique de l’incertitude n’est pas à mettre de côté (surtout si vous êtes un poil control freak ou anxieux).
Heureusement je suis persuadée qu’on prend le pli au bout d’un moment, on finit juste par élargir sa zone de confort tellement grand que les changements nous affectent de moins en moins.
3) Être digital nomad, c’est voyager en pleine crise environnementale
On ne peut pas parler de nomadisme digital sans évoquer la question. Les rapports du GIEC tombent de tous côtés, les médias (et les influenceurs LinkedIn) interpellent les nomades digitaux pour leur irresponsabilité climatique. C’est clairement un choix délicat de devenir nomade dans ces conditions. Surtout ça pose une question : peut-on vraiment être digital nomad et écolo ?
Je pense sincèrement que oui, dès lors qu’on repense sa façon de voyager en prenant en compte la réalité environnementale. Dès lors qu’on limite ses déplacements (le fameux slowmadisme), qu’on consomme local, qu’on essaie d’avoir un impact social et environnemental positif dans nos lieux de vie.
Bref vous l’aurez compris : c’est un sacré bazar d’essayer de faire les choses bien. C’est un combat quotidien contre la facilité : bien sûr que ce serait plus simple de prendre l’avion, de louer une grosse cylindrée, de vivre en hotel club all inclusive et de rentrer en France pour toutes les occasions. Mais le jeu en vaut la chandelle.
4) Être digital nomad, c’est avoir une vie sociale compliquée
Si on choisit où on passe son temps, on choisit moins avec qui on va le passer. D’un point de vue social, la vie nomade peut avoir beaucoup d’avantages : adieu les afterworks forcés, fini de ressortir sous la pluie en plein mois de novembre pour aller boire un verre, et une bonne excuse pour éviter Noël chez votre tonton Christian.
Mais ça pose aussi pas mal de problèmes :
Accepter de voir ses proches continuer à vivre sans soi et rater des moments avec eux (de la dépendaison de crémaillère de votre ancien coloc à la naissance de votre neveu).
L’entre-soi, en se retrouvant parfois dans une “bulle” de digital nomads, sans réussir à connecter avec les locaux.
Se sentir isolé si on ne rencontre personne.
5) Être digital nomad, ça coûte cher
Il faut le savoir, être nomade digital, c'est un mode de vie coûteux. Louer via Airbnb ? C'est cher. Les colivings ? C'est cher. Éviter l'avion ? C'est cher. Rester en Europe ? C'est cher. En quittant Paris j'ai applaudi des deux mains en me disant que mes dépenses quotidiennes aller chuter en flèche. Grosse erreur. Quand on travaille en voyageant et qu'on essaie d'être un minimum responsable, on ne peut pas se permettre de faire trop de concessions. Les entreprises du secteur le savent, et elles se régalent : les colivings, les coworkings, les loueurs court terme (entendez moins d'un an), tarifent cher, bien loin du coût de vie d'un local.
Voyez plutôt :
Ici en prenant l'exemple de Lisbonne sur Nomadlist. Le coût de vie d'un nomade : 3,259 euros vs. le coût de vie d'un local : 1579 euros. Heureusement, le coût des dépenses quotidiennes compense : quand on est nomade, on consomme moins (en général), et les produits de base restent souvent moins chers en dehors de la France.